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DISCOURS du Roi des Belges, à l'Ouverture des 2 Chambres.Bruxelles, le 22 Octobre, 1844.

MESSIEURS,

J'AI devancé l'époque ordinaire de votre réunion. J'ai voulu vous mettre à même de voter les budgets avant le commencement de l'année à laquelle ils s'appliquent, et de compléter l'examen de plusieurs projets de loi dont vous êtes restés saisis.

Vous vous assemblez au milieu de circonstances heureuses, je ne puis que me féliciter des sentiments de cordialité et de confiance réciproque qui président à nos rapports avec les diverses Puissances.

Vous avez statué, dans la session précédente, sur les conclusions de la commission d'enquête instituée il y a 4 ans; la loi que vous avez votée occupera une place importante dans notre législation nationale.

Les réclamations industrielles que vous avez renvoyées au Gouvernement ont été l'objet de ma plus sérieuse attention. J'ai fait droit à quelques unes d'entre elles; les mesures que j'ai cru devoir prendre vous seront soumises; je ne doute point qu'elles n'obtiennent votre approbation.

A l'aide de la politique commerciale que vous avez sanctionnée, j'ai conclu avec les Etats de l'Association Allemande des Douanes un Traité de Navigation et de Commerce qui assure nos intérêts mutuels. L'examen de ce Traité fera l'objet de vos premières délibérations.

Par une Convention récente, les communications par la voie des postes entre la Belgique et la Grand Bretagne ont été réglées sur des bases plus étendues et plus favorables au commerce. Le port des lettres a été réduit et des avantages spéciaux ont été stipulés pour l'expédition des correspondances étrangères.

Un système d'entrepôt large et libéral, combiné avec de nouvelles facilités de transit, serait de nature à concourir au développement de nos rapports internationaux; un projet de loi ayant ce but, vous sera présenté. Il restera encore à prendre en considération d'autres mesures propres à multiplier nos relations et nos exportations lointaines.

Les résultats de la récolte, un instant menacée, ont été satisfaisants; aucune mesure exceptionnelle ne parait nécessaire. Les Conseils provinciaux ont continué à s'occuper des moyens d'amener le défrichement des parties incultes de notre territoire; il sera bientôt possible de déterminer quelle sera l'assistance à demander au pouvoir législatif.

Des améliorations ont été apportées au cours de la Meuse; le Gouvernement se propose d'en introduire successivement dans le régime des autres rivières du pays.

Les travaux importants entrepris dans le Campine et dans les Flandres se poursuivent avec activité.

L'augmentation du mouvement des transports sur le chemin de fer et la progression du chiffre des recettes ont dépassé les prévisions. Cette situation pourrait devenir plus prospère encore en perfectionnant les conditions d'exploitation que l'état incomplet des lignes et des stations rend difficile et coûteuse.

Il devient urgent de s'occuper aussi de la réorganisation des transports en dehors du chemin de fer.

Il vous a été présenté une loi relative au traitement des membres de l'ordre judiciaire. L'état de nos finances vous permettra de ne plus ajourner la discussion de cette loi, dont vous reconnaîtrez avec moi la convenance.

Le régime des prisons a subi déjà d'utiles modifications. Je désire que des mesures nouvelles viennent les compléter.

Ma sollicitude n'a point fait défaut aux institutions de bienfaisance. Mon Gouvernement s'attache à y introduire toutes les améliorations que l'humanité réclame.

Votre intervention sera demandée, à cette occasion, notamment pour la réforme des établissements d'aliénés.

Des propositions vous seront faites pour corriger les vices et combler les lacunes que l'expérience a signalés dans certaines parties de la législation. Ainsi s'opérera graduellement la révision des codes prescrite par la Constitution.

L'armée, cet élément si essentiel de notre existence nationale, commande toute notre sollicitude. Je me plais à reconnaître qu'elle continue à s'en montrer digne par son dévouement, sa discipline et l'excellent esprit qui l'anime. Il vous reste à vous prononcer sur les projets de loi dont vous êtes saisis, et qui sont, pour son organisation, d'une si haute importance.

Quelques changements aux lois sur la milice sont devenus nécessaires; ils vous seront proposés en même temps qu'une loi nouvelle sur l'organisation de la garde civique.

Les pouvoirs que vous avez donnés à mon Gouvernement lui ont permis, grâce à la consolidation de notre crédit, de réaliser avec succès et sans secousse 2 grandes opérations financières; elles ont eu pour résultat la réduction de la rente et du capital de la dette publique.

Vous vous féliciterez avec moi de ce que l'on est parvenu à balancer les dépenses avec les recettes; le bénéfice résultant pour le trésor du dernier emprunt et de la conversion de la rente, le produit croissant du chemin de fer et l'augmentation du chiffre de plusieurs branches du revenu public ont contribué à faciliter cet heureux équilibre.

Quelques efforts sont, néanmoins, nécessaires pour couvrir les dépenses nouvelles que l'intérêt public pourrait exiger et pour arriver

sucessivement, par un excédant permanent de ressources, à l'extinction de la dette flottante et la création d'une réserve.

Vous m'aiderez à atteindre ce but qu'une sage prévoyance nous fait une loi de poursuivre.

Messieurs, le pays peut avoir confiance en lui-même. Ses éléments d'activité morale et de prospérité matérielle se développent librement. Je ne doute pas que cette situation favorable ne s'affermisse et ne se complète par l'appui que le Gouvernment trouvera dans votre patriotique et loyal concours.

DISCOURS du Roi des Français, à l'Ouverture de la Session des 2 Chambres.-Paris, le 26 Décembre, 1844.

MESSIEURS LES PAIRS, MESSIEURS LES DEPUTES,

Au moment où notre dernière session a été close, des complications qui pouvaient devenir graves, étaient l'objet de ma sollicitude. La nécessité de mettre nos possessions d'Afrique à l'abri d'incursions hostiles et répétées nous avait contraint de porter la guerre dans l'Empire de Maroc. Nos braves armées de terre et de mer, dignement commandées, ont atteint avec gloire, et en peu de jours, le but indiqué à leur courage. La paix a été aussi prompte que la victoire, et l'Algérie, où 3 de mes fils ont eu, cette année, l'honneur de servir leur pays, a reçu un double gage de sécurité, car nous avons prouvé à la fois notre puissance et notre modération.

Mon Gouvernement était engagé, avec celui de la Reine de la Grande-Bretagne, dans des discussions qui pouvaient faire craindre que les rapports des 2 Etats n'en fussent altérés. Un mutuel esprit de bon vouloir et d'équité a maintenu, entre la France et l'Angleterre, cet heureux accord qui garantit le repos du monde.

Dans la visite que j'ai faite à la Reine de la Grande-Bretagne pour lui témoigner le prix que j'attache à l'intimité qui nous unit et à l'amitié réciproque dont elle m'a donné tant de marques, j'ai été entouré des manifestations les plus satisfaisantes pour la France et pour moi. J'ai recueilli, dans les sentiments qui m'ont été exprimés, de nouveaux gages de la longue durée de cette paix générale qui assure à notre patrie, au dehors une situation digne et forte, au dedans une prospérité toujours croissante et la jouissance tranquille de ses libertés constitutionnelles.

Mes relations avec toutes les Puissances étrangères continuent d'être pacifiques et amicales.

Vous êtes, Messieurs, les témoins de l'état prospère de la France. Vous voyez se déployer, sur toutes les parties de notre territoire,

notre activité nationale protégée par des lois sages et recueillant, au sein de l'ordre, le fruit de ses travaux. L'élévation du crédit public et l'équilibre établi entre nos recettes et nos dépenses annuelles attestent l'heureuse influence de cette situation pour les affaires générales de l'Etat comme pour le bien-être de tous.

Les lois de finances vous seront incessamment présentées. Des projets de lois pour l'amélioration de nos routes, de nos ports, de notre navigation intérieure, pour l'achèvement de nos chemins de fer et pour divers objets d'utilité générale, seront également soumis à vos délibérations.

Au milieu de la prospérité du pays, le ciel a béni l'intérieur de ma famille. Il a accru le nombre de mes enfants; et le mariage de mon bien-aimé fils, le Duc d'Aumale, avec une Princesse qui nous tenait déjà par tant de liens, a été, pour moi et tous les miens, une vive satisfaction.

Messieurs, la Providence m'a imposé de grands travaux et de douloureuses épreuves. J'en ai accepté le fardeau. Je me suis voué, j'ai voué ma famille au service de ma patrie. Fonder, pour un long avenir, leur union et leur bonheur, c'est là, depuis 14 ans, le but de mes constants efforts. J'ai la confiance, qu'avec votre loyale concours, Dieu me donnera de l'atteindre, et que la reconnaissance de la France, libre et heureuse, sera le prix de notre dévouement mutuel et l'honneur de mon règne.

DISCOURS du Roi des Pays-Bas, à l'Ouverture de la Session des Etats Généraux.—La Haye, le 21 Octobre, 1844.

NOBLES ET PUISSANTS SEIGNEURS,

IL m'est agréable de pouvoir donner à vos Nobles Puissances, à l'occasion de la reprise de leurs travaux, l'assurance que la situation générale de la patrie se présente à beaucoup d'égards sous un aspect favorable.

Nos relations politiques sont satisfaisantes.

La marine et l'armée continuent à mériter mon suffrage.

Une partie de nos forces navales combat avec succès la piraterie dans l'Archipel Indien.

L'armée de terre, bien que considérablement diminuée en nombre, est animée du meilleur esprit, et s'efforce de se distinguer par sa bonne discipline.

La construction et l'achèvement de nouveaux vaisseaux de guerre se poursuivent avec régularité.

La nécessité commande d'employer tous les moyens disponibles à

la réparation et l'amélioration des travaux destinés à la défense du pays.

La garde communale recevra une organisation nouvelle qui, sans être trop onéreuse pour la nation, rendra son secours plus efficace au moment du danger.

Nonobstant quelques mauvaises récoltes partielles, nos possessions' aux Indes-Orientales jouissent d'une situation paisible et prospère.

Je regrette que les colonies aux Indes-Occidentales continuent à languir. Toutefois, des moyens m'ont été proposés pour les relever, dont l'application possible doit être jugée sur les lieux-mêmes.

Il y a progrès dans quelques branches d'industrie, tandis que d'autres éprouvent l'influence de circonstances défavorables. Le Gouvernement cherche autant qu'il est en son pouvoir à donner à celles-ci la meilleure direction possible.

L'enseignement primaire est l'objet constant de ma sollicitude. Les sciences et les arts sont pratiqués avec zèle et succès, et je remplis un devoir agréable, en secondant, dans la mesure des moyens qui sont à ma disposition, les efforts de ceux qui se vouent à leur culte.

Les communications qui vous seront faites de ma part, Nobles et Puissans Seigneurs, vous feront connaître la scrupuleuse fidélité, digne des plus grands éloges, avec laquelle mes sujets bien-aimés, remplissent les obligations qu'ils se sont imposées avec un empressement sans exemple, pour subvenir aux besoins de l'Etat.

Le Tout-Puissant a béni ces sacrifices.

En

peu de mois une diminution volontaire de la rente a procuré des économies considérables.

On a également conclu une Convention avantageuse pour le placement de la dette Belge.

Les résultats ont considérablement surpassé les prévisions qui avaient servi de base aux plans financiers, adoptés dans la derniére session des Etats-Généraux.

Les budgets qui vous seront préséntes porteront avec eux la preuve que mon Gouvernement ne s'arrête pas dans la voie des sages

économies.

Le tarif des droits d'entrée de sortie et de transit, déjà provisoirement communiqué à vos Nobles Puissances, formera bientôt un objet de leurs délibérations.

La Hollande ne se bornera pas à de simples paroles lorsqu'il s'agira de l'amélioration successive de sa législation commerciale.

Il sera nécessaire de s'occuper avec fermeté des réformes à opérer dans notre système monétaire. Je nourris l'espoir qu'elles pourront être obtenues sans augmentation des charges publiques.

Vos Nobles Puissances recevront les propositions y relatives, ains que celles qui tendent à simplifier de plus en plus l'administration de finances.

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