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que je ne scaurais le faire à ces deux objections. Quant à la première je remarquerai cependant que la contrebande ne peut pas augmenter par la diminution de ses appas. Elle est presentement encouragée, en ce que pouvant vendre 60s ce qui n'en coûte que 14. elle offre un bénéfice de 46s lorsque le prix sera reduit de 60 à 40 ce bénéfice ne sera plus que de 26 c'est à dire peu plus de la moitié de ce qu'il est actuellement. La conséquence ne paroit donc pas naturelle, que la contrebande doive augmenter par la réduction de près de moitié de ses profits. Quant à la seconde objection, en supposant (pour éclaircissement, & sans prétendre la fixer) la proportion de la ferme sur le tabac à un huitième de la masse entière des fermes, les moyens des fermiers généraux pour prêter seront reduits d'un 8me c'est à dire qu'ils ne pourront par la suite prêter que sept millions, tandis que par le passé ils en prêtaient huit. Or il reste à considérer si ce 8me (ou telle autre proportion que ce soit) mérite le sacrifice annuel de 24. millions, ou si un sacrifice beaucoup moindre en faveur de quelqu' autre capitaliste ne procurerait pas les mêmes prêts d'argent par la voie ordinaire.

Tandis qu'une augmentation de revenu pour la couronne, une diminution d'impôt sur le peuple & un paiement en marchandises au lieu d'argent sont les avantages que doivent vraisemblablement résulter pour la France de la suppression du monopole sur le tabac, nous avons aussi lieu d'en espérer quelques avantages de nôtre côté; & ce n'est que cet espoir seul que pourroit me justifier d'entrer dans les pré

sents détails. Je ne m'attends point qu'au nombre de ces avantages soit celui d'une augmentation de prix; les autres marchés d'Europe ont trop d'influence sur cet article, pour pouvoir se flater d'aucune augmentation sensible de prix. Mais le principal avantage que j'en attends est une augmentation de consommation qui, en nous ouvrant un plus grand débouché, procurera en conséquence de l'emploi à un plus grand nombre de cultivateurs; & la même proportion d'augmentation, en notre faveur, de cette denrée, sera infailliblement celle du débouché additionel qui s'ouvrira aux marchandises de France & à l'emploi des bras qui les produisent. J'espère aussi qu'en attirant ici nos negocians, ils pourront prendre en échange plusieurs marchandises de meilleure qualité & a meilleur prix. J'ajoute avec sincérité que mon cœur est vivement touché de l'espoir ultérieur qu'en liant les deux nations d'intérêts ce sera les lier plus étroitement encore d'amitié. Dans le vrai, il n'existe pas deux pays plus propres aux échanges de commerce. La France a besoin de riz, de tabac, de potasse, de fourrures, & de bois de construction. Nous avons besoin de vins, d'huiles, des eaux-de-vie, & d'objets de manufactures. Il règne entre les deux peuples une affection qui les porter à se favoriser l'un l'autre. S'ils ne se rejoignent donc pas dans leurs propres ports pour faire ces échanges, cela prouve qu'il y a quelque obstacle essentiel dans les moyens. Nous avons reçu trop de preuves des dispositions amicales de S. M. envers les Etats-Unis, & nous connoissons trop bien son zèle affectueux pour

ses sujets, pour douter de sa bonne volonté d'ecarter ces obstacles lorsqu'ils seront clairement démontrés. C'est à sa sagesse à decider si le monopole qui fait le sujet de cette lettre peut a juste titre être mis au nombre des principaux. C'est une grande consolation pour moi, qu'en soumettant ces observations aux lumieres de S. M. Votre Exce rectifiera mes idées la, ou une connoissance insuffisante des faits peut m'avoir induit en erreur, & qu'en même tems que les intérêts du Roi & de son peuple soit le principal objet de votre attention, vous en trouverez un de plus dans ces dispositions envers nous qui ont si souvent favorisé notre nation. Nous invoquons ardemment le ciel pour qu'il veille avec un soin particulier sur la vie & le bonheur de S. M. & pour qu'elle soit longtems soulagée par vos sages conseils dans le fardeau du Gouvernement. Permettez moi d'ajouter l'assurance du profond respect & de la considération distinguée avec lesquels j'ai l'honneur d'etre de votre Excellence, le tres humble & tres obeissant serviteur.

TO JEAN PIERRE BRISSOT DE WARVILLE.

J. MSS.

PARIS, Aug. 16, 1786.

SIR,—I have read with very great satisfaction the sheets of your work on the commerce of France & the United States which you were so good as to put into my hands. I think you treat the subject, as far as these sheets go, in an excellent manner. Were I to select any particular passages as giving me particular satisfaction, it would be those wherein you prove

to the United States that they will be more virtuous, more free & more happy, emploied in agriculture, than as carriers or manufacturers. It is a truth, and a precious one for them, if they could be persuaded of it. I am also I am also particularly pleased with your introduction. You have properly observed that we can no longer be called Anglo-Americans. That appellation now describes only the inhabitants of Nova Scotia, Canada, &c. I had applied that of FederoAmericans to our citizens, as it would not be so decent for us to assume to ourselves the flattering appellation of Free-Americans. There are two passages in this work on which I am able to give information. The first is in page 62; "ils auront le coton quand ils voudront se livrer à ce genre de culture," and in the note "l'on voit dans la baie de Massachusetts, &c." The four Southernmost states make a great deal of cotton. Their poor are almost entirely clothed in it in winter & summer. In winter they wear shirts of it, & outer clothing of cotton & wool mixed. In Summer their shirts are linnen but the outer clothing cotton. The dress of the women is almost entirely of cotton manufactured by themselves, except the richer class, and even many of these wear a good deal of home-spun cotton. It is as well manufactured as the calicoes of Europe. These 4 states furnish a great deal of cotton to the states north of them, who cannot make it, as being too cold. There is no neighborhood in any part of the United States without a water-grist-mill for grinding the corn of the neighborhood. Virginia, Maryland, Dela

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ware, Pennsylvania, New Jersey, New York, abound with large manufacturing mills for the exportation of flour. There are abundance of saw-mills in all the states. Furnaces and forges of iron, I believe, in every state, I know they are in the nine NorthernThere are many mills for plating & slitting iron. And I think there are many distilleries of rum from Norfolk in Virginia to Portsmouth in New Hampshire. I mention these circumstances because your note seems to imply that these things are only in the particular states you mention.

most.

The second passage is pages 101 & 102 where you speak of the "ravages causés par l'abus des eaux de vie," which seems, by the note in page 101, to be taken on authority of Smith. Nothing can be less true than what that author says on this subject; and we may say in general that there are as many falsehoods as facts in his work. I think drunkenness is much more common in all the American States than in France. But it is less common there than in England. You may form an idea from this of the state of it in America. Smith saw everything thro' the medium of strong prejudice. Besides this, he does not hesitate to write palpable lies, which he was conscious were such. When you proceed to form your table of American exports & imports, I make no doubt you will consult the American traveller,' the estimates in which are nearer the truth than those of Ld Sheffield & Deane, as far as my knowlege of the

1 Alexander Cluny's American Traveller, London: 1769.

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